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Claire et net !
Les sorties canoë sont toujours riches en surprises. Parfois, la météo fait des siennes : soit trop d’eau sur nos têtes et un froid de canard, même en juin. Ardennes obligent. Soit, pas assez et c’est Archimède qui nous abandonne : tracter le canoë sur les cailloux rend tout de suite le séjour moins glamour. Parfois, c’est le chauffeur du bus, remplaçant et convoqué à la dernière minute, qui se perd, car il n’a qu’une carte papier, ne couvrant qu’une partie du trajet. Véridique ! Cette fois (le 6 juin 2023), c’est le conducteur expérimenté et connaissant le trajet comme sa poche, qui démarre en oubliant de fermer la trappe de la soute. Pas de motard décapité. L’incident et la porte furent clos, après cinquante mètres. Ouf !
Jusqu’à l’interruption pandémique, la sortie canoë constituait la clôture incontournable de l’année de seconde. Elle condensait en une journée, le parcours réalisé en un an : savoir mener sa barque, en veillant à rester bien à flot, en évitant les obstacles, du moins les plus évidents. Et puis, accessoirement, elle était un bon moment de détente, voire un défouloir bon enfant, autant pour les élèves que pour les enseignants. Tout cela, dans le cadre champêtre et aquatique de Récréalle sur Semois.
Cette fois non plus nos 80 élèves de seconde de dérogèrent pas à la règle. Ils se baignèrent, batifolèrent et prirent des coups de soleil, sous une belle lumière. Ceci, à une nuance près. La cohorte des bateaux s’étale normalement un peu, en fonction de la dextérité et de la motivation des rameurs. Mais, là, nous attendîmes, attendîmes et attendîmes encore les derniers. Une demi-heure, une heure, une heure trente. J’essaie de joindre ma collègue Claire, qui s’est gentiment proposée de faire le canoë-balais, mais je tombe sur son répondeur. Le doute s’installe peu à peu. Longeant la berge à pied, jusqu’à l’aval du dernier méandre visible depuis notre point de chute, je distingue enfin une des deux embarcations attendues fiévreusement. Sur l’esquif biplace, trois matelotes : deux en bonne et due place et la troisième en amazone instable. Exténuées, elles expliquent avoir coulé. Le plastique, c’est fantastique et dans ce cas insubmersible. Si le canoë vient à chavirer, il se remplit d’eau, mais ne peut couler. Il suffit d’en vider le contenu. Malheureusement pour elles, après avoir pagayé en désordre, pendant plus de trois heures, il ne leur restait plus assez de forces pour soulever le bateau rempli d’eau. C’est là que Claire leur a très aimablement laissé son embarcation, pour prendre la leur. Ouf ! Il suffisait désormais de patienter un peu, dans l’attente de ma collègue au grand cœur. Quelques temps après, je l’aperçois. Claire fait partie des amatrices de sport d’endurance et ne rechigne pas à l’effort. Mais curieusement, la cadence de ses mouvements est plus poussive qu’attendue. De loin, elle semble arc-boutée, à la façon des haleurs de la Volga, tractant au bout de cordages de lourdes barges, depuis les chemins de halage. Maintenant plus proche, je devine sur son visage rubicond, le rictus de la pénibilité et de la grande contrariété. Quand Claire a quelque chose à faire comprendre, elle ne l’envoie pas dire. Ça va être pour ma pomme ! Arrivée près de la berge, je comprends sa douleur. Son canoë est à moitié rempli d’eau. Il pèse, avec ce lest indésirable, au moins cent kilos de plus. Claire l’abandonne sans regrets. La sortie canoë en prend pour son grade. Jamais, on ne l’y reprendra (version littéraire et édulcorée des jurons du moment). Etant démunie de son portable, resté dans son bateau, elle n’avait pas eu mon appel. Et seule, le vider, n’était pas possible, même avec la rage au ventre. Heureusement que Claire sait descendre les gammes aussi vite qu’elle les monte. Quelques minutes, un sandwich et une douche plus tard, elle relativise. Claire, je te dédicace donc cet article, car sans ta détermination et ton sens des responsabilités, tes biceps également, nos trois naïades pataugeraient encore dans la Semois. Promis, juré, l’an prochain, je ne manquerai surtout pas de faire appel à tes services, sur cette rivière ou une autre. Les sauveteuses d’Alerte à Malibu n’ont qu’à bien se tenir !